(Agence Ecofin) – La banque centrale égyptienne a décidé le 3 février 2016 de relever le niveau des dépôts en devises que certaines entreprises appartenant à des secteurs jugés hautement prioritaires, peuvent effectuer dans les banques commerciales locales. Ainsi les entreprises du secteur industriel, peuvent avoir des dépôts mensuels en devises de 250 000 $ contre 50 000 $ jusque-là.
La limitation des dépôts à 10 000 $ avait été introduite en février 2015 pour endiguer la pression exercée par le marché noir sur la politique de change du pays. Des entreprises acquéraient des dollars dans ce marché et venaient les introduire dans les circuits bancaires officiels, accentuant la pression sur la livre égyptienne (LE).
L’économie égyptienne continue de subir la faible disponibilité en dollars américains, depuis la révolution des printemps arabes. Au 31 décembre 2015, les réserves de change du pays étaient de 16,4 milliards $, en baisse de près de la moitié, comparé à leur niveau de décembre 2010. Par ailleurs, elles ne peuvent couvrir aujourd’hui que 3 mois d’importations, d’où la politique de rigueur adoptée par le gouvernement dans leur gestion.
Pour les banques commerciales égyptiennes, la pression sur les ratios des devises s’accentuent. Ainsi selon des statistiques de la banque centrale égyptienne, le ratio des prêts sur dépôts en devises s’est accru à 69% au 31 septembre 2015, contre 56% en 2012. Quant au ratio global de liquidité en devises, il reste au-dessus des 25% règlementaires, mais s’est effrité à 49% au 31 septembre 2015, contre 56% en 2012.
Ce défi que connaissent les banques égyptiennes pour la disponibilité en devise se présente comme une opportunité pour les prêteurs internationaux. Pour améliorer leurs avoirs en dollars US, ces banques n’hésitent pas à se présenter sur le marché international de la dette. Au cours du deuxième semestre 2015, National Bank of Egypt et Bank Misr ont ainsi mobilisé près de 500 millions $.
Mi-janvier 2016, la Chine a promis d’accorder une ligne de crédit de 800 millions $ en soutien à certaines banques. Le directeur général de Banque Misr, dans une interview accordée à Reuters, a confirmé que le processus pour mobiliser ses 100 millions $ était en cours. Il aurait aussi indiqué, que son groupe n’excluait pas de recourir à un eurobond, sans donner plus de détails.
Idriss Linge
source : http://www.agenceecofin.com/banque/0502-35657-les-banques-egyptiennes-sont-encore-penalisees-par-le-manque-de-liquidites-en-devises