L’opposant congolais Moïse Katumbi a confirmé mercredi sa candidature à la présidentielle prévue d’ici la fin de l’année, et a tancé le pouvoir à Kinshasa qui le soupçonne de recruter des mercenaires étrangers, y compris américains, à l’approche de cette échéance électorale.
« Trois mouvements de l’opposition congolaise (…) m’ont fait l’honneur de me choisir comme leur candidat à la prochaine élection présidentielle » en République démocratique du Congo, a-t-il indiqué dans un communiqué.
Les basses manoeuvres du pouvoir n’entravent pas mon combat
« J’accepte avec humilité cette lourde responsabilité« , ajoute ce texte publié par le bureau de M. Katumbi sur son compte twitter. M. Katumbi, 51 ans, ex-gouverneur de l’ancienne province du Katanga (sud-est), est passé dans l’opposition en septembre après avoir démissionné de ses fonctions de gouverneur et avoir quitté le parti présidentiel.
Charismatique et populaire, le richissime homme d’affaire indique qu’il va entamer, « dans les prochains jours, une tournée nationale à travers tout le territoire du Congo« .
« Les basses manoeuvres du pouvoir n’entravent pas mon combat pacifique. Je serai le candidat de l’État de droit« , ajoute M. Katumbi, alors que les autorités ont annoncé mercredi l’ouverture d’un « dossier judiciaire » à son encontre.
Le ministre congolais de la Justice Alexis Thambwe Mwamba a en effet soupçonné publiquement M. Katumbi de recruter des mercenaires étrangers, y compris parmi des anciens militaires américains, dans son fief politique du sud-est du pays.
Selon M. Thambwe, d’anciens militaires américains spécialisés dans « la formation, le maniement des armes, comme agent de sécurité, ou garde du corps » sont actuellement « au service » de M. Katumbi. Ce dernier a rejeté ces allégations, les qualifiant de « mensonge grotesque« .
« Nous, les opposants, sommes, depuis peu, victimes d’un harcèlement policier et judiciaire, ainsi que d’un dénigrement systématique sur les chaînes de radio et télévision d’État« , s’est plaint M. Katumbi.
« Je m’engage à établir, avec toutes les forces politiques et sociales de progrès, un véritable État de droit en République Démocratique du Congo. Je ferai aboutir ce projet dans un esprit de concorde nationale« , a-t-il ajouté.
Convocation d’un dialogue national inclusif
Le climat politique est très tendu depuis plusieurs mois en RDC alors que chaque jour qui passe rend un peu plus improbable la tenue de la présidentielle avant la fin de l’année.
Alors qu’approche la fin du mandat du président Joseph Kabila (en décembre) – à qui la Constitution interdit de se représenter – aucune date n’a encore été fixée pour la tenue de la présidentielle et certains dirigeants de la majorité réclament une transition de deux à quatre ans pour pouvoir organiser de « bonnes élections« .
Fin novembre, M. Kabila, au pouvoir depuis 2001, a annoncé son intention de convoquer un « dialogue national inclusif » destiné à permettre un consensus sur le calendrier électoral et le financement des élections, mais près de six mois plus tard, le projet est au point mort.
Une large frange de l’opposition considère l’appel au dialogue du président comme une manoeuvre et un « piège » pour lui permettre de rester à la tête du pays au-delà du terme de son mandat.
La RDC traverse une crise politique profonde depuis les élections législatives et présidentielle de novembre 2011 marquées par des irrégularités et des fraudes massives et ayant reconduit pour cinq ans M. Kabila et sa majorité à la tête du pays.
source : http://www.rtbf.be/info/monde/afrique/detail_rdc-moise-katumbi-accepte-d-etre-candidat-a-la-presidentielle?id=9290019