Mamari Coulibaly, aussi appelé Biton (mort en 1755) est le fondateur du royaume bambara de Ségou.
Par Sandro CAPO CHICHI / Nofipédia
Les sources sur l’arrivée des Bambaras (ou Bamana), descendants de l’empire médiéval de Mali, dans la région de Ségou sont contradictoires. Selon une version, des frères, Niangolo et Baramangolo étaient arrivés de la région montagnarde de Kong, dans l’actuelle Côte d’Ivoire. Ils se retrouvèrent face au fleuve Niger qu’ils ne purent traverser, n’ayant pas de pirogue. Un poisson, une silûre, leur aurait ensuite proposé de les aider à traverser le fleuve. Il aurait d’abord aidé Baramangolo et ce dernier aurait demandé au poisson de ne pas aider son frère. Mais le poisson aida Niangolo qui tua son sauveur. A la suite de cet incident, le nom de Kulun bali ‘sans pirogue’, aurait été donné aux deux frères. Toutefois, déçu que son frère ait pu traverser le fleuve avec lui, Baramangolo aurait migré vers le nord où ses descendants auraient fondé les royaumes de Kaarta et Beledougou. Les descendants de Niangolo auraient quant à eux fondé le royaume de Ségou. Il est toutefois fort probable que cette tradition des deux frères soit une invention pour expliquer a posteriori le statut de rivaux apparentés des royaumes bambaras contemporains de Segou et de Kaarta, l’interdit de manger des silures chez les Coulibaly et l’origine de ce nom de famille. Ce dernier a ainsi par exemple été expliqué par d’autres traditions comme signifiant ‘ceux à qui la montagne ne résiste pas’. Toujours est-il que les Bambara étaient présents à Ségou au 17ème siècle, avec une solide réputation de guerriers, ayant notamment servi comme soldats lors de la révolte des Peuls du Macina contre les Marocains en 1600 et l’état de Kong en 1645. D’après la tradition, la ville de Ségou a été le résultat de l’union de quatre quartiers. Pour les protéger des raids des populations voisines, les habitants de Ségou allaient créer le Ton, une association de jeunes hommes solidaires pour défendre les villages. Elle allait aussi inclure des activités de chasse, de pêche et d’agriculture.
Vers 1689, un Coulibaly, Mamari, surnommé Biton, se serait installé avec sa mère à Ségou en provenance de la ville de Bendougou. Après avoir obtenu la légitimité de son règne par Faro, une divinité aquatique, Biton allait s’imposer, comme le chef des Ton, notamment grâce à sa mère, très populaire auprès des autres membres du groupe. Biton allait réorganiser le Ton et faire de ses membres une armée de soldats à part entière et entièrement sous sa dépendance par le biais de serments faits à des divinités traditionnelles. Grâce à la ruse et à la force, il allait étendre son autorité sur de nombreux villages voisins dont il allait percevoir les taxes. C’était la création du royaume bambara de Ségou, qui allait remplacer le système précédent dominé par des anciens et qui allait durer jusqu’aux années 1860 date à laquelle il allait perdre son indépendance lors de l’occupation de Ségou par le conquérant toucouleur El Hadj Oumar Tall.
Bibliographie :
The Bamana Empire by the Niger: Kingdom, Jihad and Colonization 1712-1920 / Sundiata A. K. Djata