Bob quitte l’école à 15 ans, il était un élève méditatif et doux. Avec le fils du voisin Bunny Livingston qui par la suite adoptera le nom, Bunny Wailer, ils jouent de la guitare fabriqué avec ce qu’ils trouvaient. C’est dans la cour de sa maison qu’il fait connaissance avec la ganja, « Aprés avoir fumé un peu d’herbe, j’ai commencé à comprendre le sentiment qu’il avait dans la musique »dira-t-il des années plus tard. Puis il fait la connaissance de Joe Higgs, Joe apprend aux enfants du ghetto son savoir, il enseigne l’harmonie, la guitare mais joue également le rôle de tuteur moral. Privé de père, Bob trouve en Joe Higgs une autorité et un modèle. Bob et Bunny rencontrèrent Tosh, il est bon guitariste,aux séances organisés par Higgs. Ainsi complété, le trio se choisit pour nom « The Teenagers » puis « The Wailing Rudeboys » pour finir par adopter « The wailing Wailers ». To wail signifiant gémir cela correspont à l’orientation artistique du groupe qui est la musique de ceux qui souffrent. En 1961, Marley obtient une audition grâce à un de ces amis qui lui présente Jimmy Cliff qui enregistre un disque pour le label de Lesley Kong. Il entonne Judge Not. Un mois plus tard, Judge Not sort en quarante-cinq tours. Les ventes sont négligeables mais Bob est fier.
SDF dans le Ghetto
Sa mère met au monde une petite Perl fruit de la liaison avec le père de Bunny Livingston. Mais quelques mois plus tard, elle épouse un Jamaïcain installé aux Etats-Unis. Elle décide donc de le rejoindre laissant Bob et Perl à leur tante Enid. Mais Enid est lasse du ghetto et emmène Perl et laisse Bob. A 16 ans il devient SDF. Le texte de Talkin’ Blues parle ainsi du sol froid pour unique litière et de la pierre pour seul oreiller. A la même époque il fait intimment connaissance avec Rita Anderson qui deviendra sa femme. Son éducation rastafarienne, Bob la reçoit de Motimer Planner, qu’il rencontre pendant sa période vagabonde. Les rastas ne se rasent, ne se peignent ni se coupent les cheveux. Ils adoptent un régime alimentaire sans alcool ni sel et composé de fruits, de poissons, de légumes, de racines. En revanche la consommation de marijuana est un rite sacré essentiel parce qu’il favorise la méditation.
Les débuts de la Légende
En 1964, les Wailers avec deux nouveaux choristes, Beverly Kelso et Cherry Smith, enregistrent « Simmer Down » produit par Coxsone, la chanson s’installe au hit parade pendant 2 mois. Coxsone l’héberge et Bob apprend le millieu du disque. Il se forge un réputation on l’appelait « Tuff Gong » (dur comme le gong), tu lui marchais sur les pieds il réagissait. Une fois devenu célèbre, il pouvait aller n’importe où dans le ghetto, laisser sa voiture avec les vitres baissées et les clefs sur le contact, personne n’osait y toucher. Les Wailers sont célèbres mais complètement fauchés. Sa mère insiste pour qu’il vienne aux States. Il épousa un peu précipitament Rita le 10 février 1966 et quitte la Jamaïque pour le Delaware. Pendant 8 mois, il met de l’argent de coté en faisant des petits boulots. Mais retourne sur son île lorsqu’il apprend qu’il était mis sur une liste pour le Vietnam.
Lee Perry, le Parrain
C’est une époque où les choses changent vite. Le ska est devenu rock seady. On date sa naissance à l’été 1966 qui fut si chaud qu’il interdisait la gestuelle saccadée propre au ska. La ganja est devenue aussi essentielle que l’électricité et l’eau courante dans les studios de Kingston. Ayant quitté Coxsone, Bob se met sous la tutelle de Mortimer Planner. C’est aussi une période de grande fertilité pour le jeune couple. Rita mis au monde une fille Cedella puis un garçon David surnommé « Ziggy ». Bob Marley retourne à Nine Miles où il installe sa famille. Il cultive la terre, fume la ganja et compose avec une nouvelle ardeur, la religion occupe désormais une place importante dans sa vie et son inspiration s’en ressent. A l’automne 1969, il entame avec le producteur Lee Perry une collaboration qui va rapidement se révéler salutaire pour Marley et révolutionnaire pour le Reggae. Lee Perry coécrit à cette époque des chansons avec Marley et Tosh : Mr Brown, Small Axe, 400 years, Lively up Yourself. Toutes sont enregistrées au studio Randy’s avec les meilleurs musiciens du moment.
Tuff Gong
En dépit de leur féconde collaboration les Wailers éprouve de la frustration à l’égard de Lee Perry. Ils estiment ne pas recevoir ce qui leur est dû. Avec Alan Skill Cole, le plus célèbre joueur de foot jamaïcain dont il est l’ami, Marley crée Tuff Gong. En 1971, il sort Trench Town Rock premier titre à paraître sous ce label. Il va faire de Marley un héros national. Le producteur américain Danny Sims et le chanteur Johnny Nash tentent de lancer les Wailers sur la scène internationale. Mais après une tournée en Angleterre et un quarante-cinq tours passé inaperçu (Reggae On Broadway) le découragement gagne la troupe. A ce moment, à la faveur d’un passage à Londres Chris Blackwell (fondateur d’Island) repère Bob Marley et offre 8000 livres sterling au groupe pour qu’il enregistre un album. C’est ainsi que fut conçu le premier album Catch A Fire qui va marquer la naissance des Wailers sur la scène internationale. Sur la lancée de Catch A Fire, les Wailers enregistre Burnin.
L’éclatement
Bob sentant le vent tourner, défend l’idée qu’une chance unique leur est offerte avec Island de voir leur musique enfin reconnue, non seulement en Jamaïque mais sur les 5 continents. A l’opposé, Bunny, le plus religieux des trois, refuse de consacrer son temps à d’interminables tournées dans des pays hostiles et froid. Quant à Peter, il était tantôt chaud tantôt froid. Finalement le groupe fini par se séparer. En mai 1974, le trio se produit une dernière fois à Kingston. Bien que les chansons de Bob soient une menace pour l’ordre établi, Marley entretient de bonnes relations avec le gouvernement socialiste (P.N.P.).Deux ans plus tôt, lors de la campagne électorale il était apparu sur un camion pour soutenir la candidature de Manley. En retour Manley avait aidé Marley à quitter Trenchtown. En revanche, on devait plus tard demander à Bob Marley un « petit service » qui faillit lui coûter la vie… Rita donne naissance à leur 2ème fils, Stephen. Mais Bob vit une passion amoureuse avec Ester Anderson. Bob a eu au total 10 enfants officiellement reconnus avec 7 femmes différentes. Marley a toujours dit que le seul péché qu’il se reconnaissait était les femmes. En février 1975, sort le 3ème album sur Island, Natty Dread, le contenu de cet album est une collection de chants guerriers destinés à troubler le sommeil de la bonne socièté jamaïcaine. Depuis le départ de Tosh et de Wailer, Marley a dû modifier l’infrastructure du groupe. Les I Trees apportent désormais l’élément du répons gospel, tandis qu’un jeune guitariste Américain, Al Anderson vient s’associer à la rythmique des frères Barrett. En août 1975 à Londres, deux concerts sont enregistrées et donnent lieu à un incroyable album Live.
Un artiste qui dérange
Rastaman Vibration, nouvel album paru en mai 1976, place Marley à un autre niveau d’écoute. Alors que la guerre fait rage entre le P.N.P (People National Party) et le J.L.P (Jamaican Labour Party), l’état d’urgence est à nouveau déclaré. On dénombre déjà 700 morts. C’est dans ce contexte politique que Marley décide de donner un concert afin de promouvoir la paix dans le ghetto. Bob appela Blackwell pour avoir son avis, il lui répondit qu’il n’y voyait pas d’inconvénient si le concert n’avait pas lieu en période électorale. Se produire sur scène la veille des élections revenait à soutenir Manley et le P.N.P. Bob donna son accord et la date fut rendue publique.Quelques jours plus tard, Manley annonçait des élections anticipées. Il était trop tard. Bob se retrouvait embrigadé à son insu. Deux jours avant le concert, le 3 décembre 1976 au soir, trois hommes font irruption dans la maison, armes à la main. Marley prend une balle dans le bras, son manager, Don Taylor, en reçoit 5 dans le dos et Rita Marley en tentant de fuir est atteinte à la tête. Transportés à l’hopital, les trois bléssés sont rapidement mis mis hors de danger. Mais si le concert à bien eu lieu, c’est dans un climat de peur et d’extrême tension. Le lendemain Marley s’envole en avion privé pour les Bahamas en compagnie de Miss Monde, Cindy Breakspeare, jusqu’a la fin janvier 1977. Après les Bahamas, il séjourne à Londres, enregistrent une vingtaine de nouveaux titres devant servir à alimenter ses deux prochains albums Exodus et Kaya.
Foot et politique
Pour honorer son passage à Paris, en mai 1977, un match de foot est organisé. On peut dire qu’après la musique et les femmes, le football est ce qui compte le plus pour Bob Marley. Il joue ce match malgré l’ongle du gros orteil qui le fait souffrir. C’est sur même orteil qu’il reçoit un coup et se voit contrain de quitter le match et de consulter un médecin. A Londres il quitte la scène en boitant bas, il s’aperçoit que sa chaussure est pleine de sang. Voyant que cela ne guérit pas, il consulte un spécialiste qui fait des prélévement, le lendemain il lui apprend qu’il a un cancer. Alors que la guerre des clans continue à faire rage en jamaïque, Claudie Massop, l’un des responsables du J.L.P propose l’idée d’un concert pour la paix.Le concert a lieu le 22 avril 1978 au national Stadium de Kingston. Ce concert marque l’apothéose de la carrière de Marley en Jamaïque. En effet aucun artiste ne peut se vanter d’avoir réuni sur une scène 2 adversaires politique, de joindre leurs mains dans un geste de réconciliation et d’interrompre momentanément une véritable guerre civile. Marley reste conscient que cet état de grâce est forcement de courte durée. « Je me considère toujours comme un révolutionnaire », préfère-t-il préciser dans une interwiev.
Le Porte-parole de l’Afrique
L’année 1978 se poursuit par la plus importante tournée jamais entreprise par les Wailers. A New-York, avant de jouer, Bob reçoit la médaille de la Paix du tiers-monde, distinction discernée par les délégations africaines aux Nation-Unies. Il est désormais parmi les personnalités les plus influentes sur le plan international. Fin 1978, à la faveur d’une accalmie de la guerre en Ethiopie il s’y rend. Marley prend pleinement conscience de son identité d’africain et compose Zimbabwe. Les 18 et 19 avril 1980, le Zimbabwe fête la victoire de son indépendance. Le jamaïcain dira de ce voyage qu’il avait été l’un des plus forts de son existence. Uprising qui sort quelques mois plus tard est en apparence moins offensif que le remarquable Suvival. Les Wailers s’embarquent alors pour une nouvelle tournée, la plus importante en terme d’audience. A la fin de chacun de ces concerts, Bob accompagné d’une guitare sèche interprète Redemption Song.
La Mort du Lion
Marley parti faire un jogging dans Central Park avec des amis est victime d’un malaise. Des examens révèlent alors la présence d’une importante tumeur au cerveau. Le 21 septembre 1980, il monte sur scène pour la dernière fois, le reste de la tournée est annulée. Marley est hospitalisé dans un centre pour cancéreux de Miami où il subit une seconde série d’examens. En plus de confirmer le premier diagnostic, ceux-ci révèlent que le chanteur est également atteint d’un cancer du poumon et de l’estomac. Le Dr Issels qui s’occupe de lui (en Allemagne), lui obtient un sursis inespéré. Début février 1981, sa mère, sa femme et quelques amis fête avec lui son 36éme anniversaire. Mais en mars, il ne pèse plus que 35 kilos, le Dr Issels déclare forfait. Bob Marley est rapatrié d’urgence à l’hopital de Miami où il meurt le 11 mai 1981 à onze heures trente-cinq du matin. Son corps est rappatrié en Jamaïque et un deuil national est décrété. Le mal qui eut raison de lui est surtout considéré, par ceux qui voyaient en Bob Marley la réincarnation d’un Jésus-Christ noir, comme une forme de crucification moderne. De ce point de vue, Bob Marley fut un prophète auteur de son propre évangile. Sa mort empêcha celui-ci du moindre affadissement. Son oeuvre est dépourvue de moments faibles. Elle est absolument achevée.
-Source: http://nofi.fr/nofipedia/bob-marley