La cérémonie des César qui réunit chaque année le milieu du cinéma français depuis 1976, a lieu ce 24 février à la Salle Pleyel. De belles compressions d’objet métallique que l’on doit au sculpteur français César, sont remises entre autres, aux compositeurs de musiques de film, l’occasion pour nous de proposer une sélection des 10 BO qui nous ont marquées en l’espace de plusieurs décennies, affichant une diversité des genres et des compositeurs très riche.
1984 : Le Bal – Vladimir Cosma
Une salle de bal vide, avec boules à facettes et parquet. Voici le décor planté au début du film d’Ettore Scola, Le bal, une adaptation d’une œuvre collective du Théâtre du Campagnol. Les personnages arrivent les uns après les autres et commence alors, le bal. Le réalisateur italien a fait appel au compositeur Vladimir Cosma qui a mis en musique cette évocation de l’évolution de la société française pendant 50 ans à travers les danses de salon. 1h50 de musique et de danse sans le moindre dialogue…
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1986 : Tangos, l’exil de Gardel – Astor Piazzolla
Le chanteur et compositeur de tango argentin Carlos Gardel était très probablement né à Toulouse en 1890. Le réalisateur argentin Fernando Solana met en scène dans ce film, des exilés argentins ayant fui la dictature militaire (76-83) et s’étant installés à Paris. Ceux-ci décident de monter un spectacle autour de cette figure majeure de la culture populaire de leur pays. Cet « hommage » est orchestré par le bandoneoniste et compositeur argentin Astor Piazzola qui reçoit à cette occasion, un Cesar.
1987 : Autour de minuit – Herbie Hancock
La distribution de ce film du réalisateur français Bertrand Tavernier a quelque chose d’exceptionnel. Outre le rôle principal tenu par l’Américain Dexter Gordon, on peut apercevoir les réalisateurs américains John Berry et Martin Scorsese, le musicien de jazz Marcel Zanini, le producteur Alain Sarde, le chanteur Eddy Mitchell, et le musicien Herbie Hancock qui signe la musique de cette évocation de la vie du saxophoniste Lester Young et du pianiste Bud Powell. Un film sur le jazz qui relève à la fois de la fiction et de l’histoire vraie.
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1989 : Le Grand bleu – Eric Serra
Plus de 9 millions de spectateurs français vont voir le film de Luc Besson, Le Grand Bleu. Eric Serra a composé pour l’occasion une bande originale que le public plébiscite aussi. Cette belle plongée dans les fonds marins est soutenue par des ambiances sonores aquatiques et enveloppantes. Pour la première fois, on entend même le compositeur chanter sur le titre My lady blue. Petit bémol à cette success story : le distributeur américain du film a remplacé la musique de Serra par celle de Bill Conti qui, pensait-il, convenait mieux au public nord-américain !
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1992 : Tous les matins du monde – Jordi Savall
Incroyable ! Tous les matins du monde ou comment faire un carton avec la musique baroque ! Le cinéaste Alain Corneau met en scène la vie de Marin Marais, un violiste de la fin du XVIIe et du début du XVIIIe siècle. C’est le maître catalan, violiste lui-même, chef de chœur et chef d’orchestre Jordi Savall qui dirige et interprète les œuvres que l’on retrouve dans le film, celles de Marin Marais bien sûr, interprété par un Guillaume Depardieu débutant, mais aussi François Couperin, Jean-Baptiste Lully et Jean de Sainte Colombe joué par le magistral et austère Jean-Pierre Marielle. Une réussite.
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2002 : Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain – Yann Tiersen
Le Breton Yann Tiersen accède à la notoriété grâce à ce film de Jean-Pierre Jeunet, comédie romantique emmenée par la pétillante Audrey Tautou. Un film au succès planétaire (23 millions d’entrées) et qui renvoie une certaine image de la capitale française. L’album quant à lui se vend à plus d’un million d’exemplaires. Mais, revers de la médaille, il est difficile ensuite pour le musicien exigeant et taiseux de se détacher de cette étiquette de Monsieur « Amélie Poulain ».
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2004 : Les Triplettes de Belleville – Benoît Charest
Voici un film d’animation franco-belgo-québécois qui a enthousiasmé le public jeune et moins jeune. Réalisé par Sylvain Chaumet, ce long métrage conte les aventures de Mme Souza, de son petit-fils épris de cyclisme, Champion et des fameuses Triplettes. C’est le compositeur québécois Benoit Charest qui fait swinguer images et personnages. –M– interprète quant à lui la chanson du générique Belleville rendez-vous. « J’veux pas finir mes jours à Tombouctou/La peau tirée par des machines à clous/Moi je veux être fripé, triplement fripé/Frippé comme une triplette de Belleville »
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2005 : Les Choristes – Bruno Coulais
Énorme succès que l’histoire de ce professeur de musique qui monte une chorale dans un internat en 1949. Hormis le jeu des acteurs principaux qu’il faut saluer, celui de Gérard Jugnot, François Berléand ou encore le jeune Jean-Baptiste Maunier, la musique écrite par Bruno Coulais (à qui l’on doit aussi la musique de Microcosmos) est sans doute pour beaucoup dans l’enthousiasme du public pour ce film d’époque. A la suite de cela, on a pu constater un engouement pour les chorales, ramenant les chanteurs amateurs au sein de ces formations musicales. Bel élan.
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2008 : Les Chansons d’amour – Alex Beaupain
On connait l’amitié qui lie le réalisateur Christophe Honoré au chanteur Alex Beaupain depuis leur adolescence. Le premier a emprunté quatre chansons au répertoire du second pour élaborer un scénario original et entremêler la musique à des éléments narratifs. C’est ainsi que les comédiens Louis Garrel, Ludivine Sagnier ou Chira Mastroianni ont fréquenté à cette occasion, les studios d’enregistrement, eux qui ont eu, plus souvent, l’habitude de fouler les plateaux de cinéma.
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2015 : Timbuktu – Amine Bouhafa
Le cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako emporte l’adhésion avec ce film bouleversant dans lequel il narre la vie d’une famille dans une ville près de Tombouctou tombée aux mains des fondamentalistes religieux. La musique devient elle-même un enjeu de société. C’est au Franco-Tunisien Amine Bouhafa que revient la tâche de sublimer les images et d’apporter aux situations dramatiques, une touche de douceur. Les instruments africains comme la kora, le ngoni, le oud ou les percussions côtoient des instruments plus occidentaux comme le piano, donnant ainsi une certaine universalité à l’ensemble, une démarche artistique que l’on pourrait appliquer plus généralement au propos du film.
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SOURCE : http://musique.rfi.fr/musique-film/20170224-top-10-musiques-film-cesar