(Agence Ecofin) – Robert Mugabe (photo), le héros de l’indépendance du Zimbabwe, pays qu’il a dirigé pendant 37 ans, est décédé à Singapour dans la nuit du 5 au 6 septembre 2019 à l’âge de 95 ans. « C’est avec la plus grande tristesse que j’annonce le décès de Mugabe », a fait savoir sur son compte twitter, Emmerson Mnangagwa, l’actuel président du pays.
La fin de la carrière politique de cet ancien maître d’école, né en 1924 alors que le Zimbabwe s’appelait encore la Rhodésie du Sud, aura été tumultueuse. Une frange importante de la communauté internationale lui reprochait de s’accrocher au pouvoir et de mener des politiques économiques et sociales qui ont plongé le pays, autrefois grenier de l’Afrique, dans le chaos et l’extrême pauvreté.
Son engagement politique débute alors qu’il faisait des études universitaires en Afrique du Sud où il a été un des fondateurs en 1963, de la ZANU (l’Union nationale africaine du Zimbabwe), un mouvement politique aux tendances communistes. Il sera emprisonné la même année, pour avoir appelé à un renversement violent du gouvernement de l’époque, qui était contrôlé par la minorité blanche.
Anticolonialiste, il a été le héros de l’indépendance du Zimbabwe
Durant ses 11 années de prison, il étudiera l’économie, l’éducation et le droit. Une année après sa libération, il retourne en Afrique du Sud où il prendra la tête de la ZANU qui comptait la plus grande force de guérillas opposés au gouvernement blanc de la Rhodésie du Sud. Un accord de paix est trouvé en 1980 et Mugabe devient le Premier ministre élu, dans le cadre d’une coalition encadrée, avec des Blancs et la ZAPU, l’autre mouvement politique noir du pays.
Il prêche alors pour la réconciliation et ses premières actions ciblent la réduction de la mortalité infantile et la réduction de la pauvreté. Mais le calme ne durera que deux ans. Mugabe accusera ses alliés de la coalition qui l’a porté au pouvoir, à vouloir le renverser. S’en suivra un affrontement qui aura laissé selon certaines sources, près de 20 000 personnes sans vie.
En 1987, un accord de paix met fin à la guerre civile et la ZAPU se fond dans la ZAPU-PF. Cette année marque la fin du Collège électoral blanc et de sa représentation assurée de 20 députés, signifiant la fin du rôle politique des Blancs dans le pays. C’est aussi l’année où Mugabe prend la fonction de chef de l’Etat aux pouvoirs élargis, abolissant le poste de premier ministre.
Des défis économiques pour le pays et une fin de règne moins glorieuse
Les défis de Robert Mugabe se renforcent lorsqu’il fait un référendum pour la saisie sans compensation des terres appartenant aux fermiers blancs. Le vote lui est défavorable, mais Mugabe fait un passage en force et s’empare de près de 4000 propriétés foncières. Le pays pas prêt pour cette transition voit son économie s’enfoncer. Les exportations de maïs et de tabac qui faisaient la fierté du pays, chutent.
Mugabe a commencé à faire face à une tension sociale grandissante, car le peuple, et notamment les jeunes générations, n’était plus convaincu de la propagande de l’époque de la libération. En 2008, il perd la majorité au Parlement et son gouvernement multiplie des décisions économiques, qui n’ont pas été efficaces à répondre aux attentes du peuple.
Robert Mugabe a combattu presque seul, pour une vision qui pour son peuple et son pays, aura été une petite catastrophe. Sa fin de règne a été dure, après qu’il ait été chassé de la Présidence par l’armée et le Parlement. Il laisse sa femme Grâce et trois enfants.
Idriss Linge
source : https://www.agenceecofin.com/politique/0609-68987-robert-mugabe-le-heros-de-lindependance-du-zimbabwe-vomi-dans-ses-derniers-jours-est-decede