Lettre de Washington. Selon la Réserve fédérale américaine, un peu plus de huit milliards d’Andrew Jackson sont à ce jour en circulation. C’est en 1928, un siècle après son élection à la fonction suprême, que le Trésor américain a imposé le septième président des États-Unis (1828-1836) sur les billets de vingt dollars. Une décision qui relève de critères que les fonctionnaires du Trésor gardent mystérieux et qui ne répondent à aucune logique historique. Inutile donc de chercher pourquoi Benjamin Franklin trône sur dix milliards de coupures de cent dollars, alors que George Washington se contentent d’un très modeste billet d’un dollar.
Les effigies de cet homme à la chevelure rebelle sont pourtant menacées. Car désormais, il ne fait pas bon être « Old Hickory », surnom évocateur du bois de noyer donné à Andrew Jackson en hommage à l’entêtement dont il était coutumier. Un journaliste de la National Public Radio (NPR), Steve Inskeep, vient de publier un ouvrage qui sonne comme un acte d’accusation : Jacksonland (Penguin Press). Il y est moins question du héros de la deuxième guerre d’indépendance contre les Britanniques que du spoliateur qui chassa à l’ouest du Mississippi les Indiens cherokees au terme d’une meurtrière « Marche des larmes ». Pour le plus grand profit de colons esclavagistes.
Le livre de Steve Inskeep est le récit de l’affrontement entre Andrew Jackson et John Ross, Indien de sang-mêlé devenu chef de la nation Cherokee. Ce dernier lutta avec les armes de la démocratie qui prenait ancrage sur la côte est des États-Unis…