Donald Trump a signé ce lundi une nouvelle version de son décret suspendant temporairement l’entrée sur le territoire des Etats-Unis des ressortissants d’un certain nombre de pays d’Afrique et du Moyen-Orient. Le premier décret avait créé un tollé mondial, Donald Trump étant accusé de discrimination envers les musulmans, potentiellement anticonstitutionnelles. La nouvelle version doit permettre de passer l’obstacle de la justice, qui avait suspendu l’application du texte initial le 3 février.
Iran, Syrie, Libye, Yémen, Somalie et Soudan au pilori
Dans sa nouvelle version, le décret interdit pour 90 jours l’entrée sur le territoire américain de ressortissants de six pays majoritairement musulmans (Iran, Syrie, Libye, Yémen, Somalie et Soudan). Ces six pays figuraient déjà dans le premier décret.
En outre, les ressortissants des six pays toujours concernés bénéficiant d’un statut de résident permanent aux Etats-Unis ne seront plus affectés par le nouveau décret présidentiel.
Délai de mise en application
La nouvelle version tiendra également compte des difficultés techniques apparues après le premier décret. Celui-ci, applicable immédiatement, avait provoqué des scènes de chaos dans les aéroports où des voyageurs concernés par le décret mais déjà en vol au moment de sa publication avaient été interpellés et stoppés à leur descente d’avion.
Cette fois, la Maison blanche a prévu un délai de mise en application de 120 jours pour éviter ce problème. Les autorités ont également révélé qu’environ 300 réfugiés présents aux Etats-Unis étaient la cible d’enquêtes du FBI pour terrorisme.
Un décret qui va attiser la haine, selon Amnesty
La version remaniée du décret interdisant l’entrée aux Etats-Unis aux voyageurs de six des sept pays musulmans initialement ciblés, signée lundi par Donald Trump, va « attiser la haine et la division« , réagit Amnesty International dans un communiqué. L’opposition démocrate n’est pas davantage convaincue. Elle estime que le décret est toujours « illégal et inefficace« .
« Les mesures que le président Donald Trump est résolu à prendre pour fermer la porte à ceux qui fuient (les) mêmes violences qu’il dit combattre resteront dans les mémoires comme faisant partie des pages les plus sombres de l’histoire des États-Unis« , selon le secrétaire général d’Amnesty International, Salil Shetty. « L’idée selon laquelle ces mesures sont prises dans l’intérêt de la sécurité nationale ne résiste pas à la moindre analyse de la situation. »
Pour Amnesty, le nouveau décret « reprend tout simplement un grand nombre des éléments les plus navrants de ceux qui l’ont précédé. Il bafoue les valeurs que les États-Unis affirment défendre depuis longtemps, et menace d’anéantir les espoirs de milliers de réfugiés qui devaient se réinstaller dans le pays. Le fait de lever l’ambiguïté au sujet des résidents permanents ne vise qu’à échapper à un examen juridique plus poussé. »
Les mesures « ne permettent en rien d’améliorer la sécurité de qui que ce soit« , conclut l’organisation de défense des droits de l’homme. « Au contraire, elles risquent d’être directement instrumentalisées par de violents extrémistes déclarant que le gouvernement des États-Unis est en guerre avec l’islam. »
Ces critiques sont largement partagées par les Démocrates, la chef de file au Congrès Nancy Pelosi parlant d’une politique « immorale » et « irréfléchie« .
source : http://www.rtbf.be/info/monde/detail_trump-s-apprete-a-signer-une-nouvelle-version-de-son-decret-sur-l-immigration?id=9546822